Réalisateur et scénariste catalan, Jaume Balagueró témoigne dès ses débuts derrière la caméra d’un goût particulièrement affirmé pour les Ténèbres. En 1999, avec La Secte sans nom, il livre un thriller ésotérique, poisseux et cauchemardesque, à l’intensité émotionnelle prégnante et au sens visuel déjà très affûté. Avec Darkness, réalisé en 2002, il continue de travailler autour de ses thèmes de prédilection (la destruction de la cellule familiale, le secret, l’enfance…) et explore encore, et toujours avec cette acuité si déstabilisante, les peurs les plus enfouies en chacun de nous. En 2005, il apporte une touche mélodramatique à une histoire fantastique encore une fois liée à la thématique de l’enfance avec Fragile, dont le cadre hospitalier évoque autant certaines œuvres phares du survival horror vidéoludique (Silent Hill en tête) que l’environnement parapsychologique du Akira de Katsuhiro Otomo. En 2006, il réalise dans le cadre de l’anthologie horrifique télévisuelle Películas para no dormir l’épisode À louer, qui pose les bases thématiques et spatiales du futur [Rec], en installant son récit dans un vieil immeuble barcelonais bientôt transformé en tombeau pour jeune couple. [Rec] justement, en 2007, explose littéralement à la face des aficionados de l’horreur en dépoussiérant avec une vélocité rare l’image du zombie, ou plutôt de « l’infecté », au cinéma. Réalisé avec la complicité de Paco Plaza (Les Enfants d’Abraham, L’Enfer des loups…), le film inaugure le revival du found footage movie et suit à nouveau les traces du jeu vidéo en proposant une expérience sensitive proche de celle d’un FPS. Sa suite, réalisée en 2009, fait montre d’une ambition encore supérieure en multipliant les points de vue narratifs et en ouvrant des perspectives apocalyptiques inédites. Avec Malveillance, son dernier film en date (2011), Jaume Balagueró revient à une terreur plus réaliste, mais toujours aussi palpable et… contagieuse.