Nicolas Boukhrief

Figure de proue de la turbulente revue Starfix, où il eut comme partenaires de crimes Christophe Gans, François Cognard et Doug Headline, Nicolas Boukhrief est un cinéphile anticonformiste dont l’exigence et l’éclectisme nourrissent une carrière franche du collier. Après avoir été l’assistant personnel d’Andrzej Zulawski (Possession), Nicolas Boukhrief signe son premier scénario de long-métrage en 1993 (Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes de Jean-Jacques Zilbermann) et se lance quelques années plus tard dans la réalisation avec Va mourire (1995), une chronique douce-amère sudiste tournée dans sa région natale (la Côte d’Azur). En 1997, il signe le scénario du mésestimé et controversé Assassin(s), drame ascétique sur la filiation et l’héritage du mal mis en scène par Mathieu Kassovitz. L’année suivante, il dirige une bande d’acteurs inspirés dans Le Plaisir (et ses petits tracas), relecture « nouvelle génération » de La Ronde de Max Ophüls. En 2004, Nicolas Boukhrief transforme Albert Dupontel en justicier prolo et sépulcral dans Le Convoyeur, un western urbain qui déménage et dont les atours sociaux nous renvoient au cinéma français « avec conscience » des années 70. Quatre ans plus tard, il réalise Cortex, polar en huis clos au scénario vertigineux, qui manipule les conventions du genre sans tomber dans la distanciation post-moderne. En 2010, retour au bitume et aux uniformes avec Gardiens de l’ordre, immersion dans un narcotrafic parisien vu par deux flics pugnaces qui n’auraient pas dépareillé dans un film de William Friedkin (Police fédérale Los Angeles) ou de Sydney Lumet (Serpico). Une exploration éminemment personnelle des genres et de leurs mythologies, voilà ce qui caractérise la démarche de cinéaste de Nicolas Boukhrief.