Comrade Drakulich

Les personnes de goût ne le savent que trop bien, il y a un charme suave à nul autre pareil dans la quasi-totalité des films d’espionnage situés pendant la Guerre froide. Márk Bodzsár s’empare de cette fragrance et lui greffe, non sans bravoure, l’alliance d’une esthétique numérique glacée et de grosses bouffées de chaleur satirique, plus fines que la grivoiserie ambiante ne le laisse supposer. La figure de l’agent secret play-boy en prend un coup derrière la nuque, sous les soupirs résignés de sa compagne n’osant rêver d’émancipation. La figure revisitée du suceur de sang écorne tout autant le soviétisme vicié que l’alternative occidentale, dans un grand délire bougrement attachant.